La rage
Ecrivant(e) anonyme, mai 2024
On marche. On se prend les pieds dans les cailloux, on se rattrape, ça va.
On se blesse, on s’écorche et puis on saigne, parfois beaucoup, on cicatrise, ça laisse des traces, mais on se relève, alors ça va. On avance, on ne sait pas trop où…
Sur des chemins qui ne nous ressemblent pas vraiment, sur des chemins qui ne nous rassemblent pas vraiment et qui pourraient nous sembler jolis puisqu’on se le dit, puisqu’on sourit, puisqu’on se répète qu’il faut s’enfuir de ces hiers pas très jolis, qu’il faut les taire…
Alors on les enterre auprès de nos ancêtres, en silence et on avance avec nos cicatrices et puis les leurs, avec ces cœurs à qui ont ment…
À qui on dit que ça va, c’était avant… alors qu’avant c’était hier, mais oui ça va bien sûr, puisque c’était pas vous, Puisque c’était pas nous.
Ça vous va bien tout ça.
Pourtant, regarde bien dans nos yeux et dis-moi ce que tu y vois ?
Regarde bien au fond et vois ce que ce chemin a fait de nous. Regarde-nous, nous peuple si digne et si ancré à notre Terre, si pétrie dans notre Terre, si profondément liée à elle comme à nos ancêtres qui y reposent encore tachés de sang. Cette Terre sur laquelle tu marches a été inondée de leurs larmes et sur cette Terre tu traces des chemins qui ne nous ressemblent pas, des chemins que ne nous rassemblent même plus nous-mêmes parce qu’on s’y perd.
On veut bien faire, on dit que ça va, on sourit, mais on s’y perd.
Ce chemin délétère, qui nous déracine, sur notre propre Terre a fini par y faire pousser la rage.
Ecrivant(e) anonyme
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