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Articles

Affichage des articles du septembre, 2018

Jardin d'enfants, par Stéfanie B., écrivante

PELOUSES INTERDITES.   Des enfants couraient dans tous les sens dans le parc de la cité Bel-Air. Le jardin d'enfants, situé au coeur de la résidence, fonctionnait comme l'organe principal de ces tours en béton qui nous servaient de logements. Des groupes de femmes trônaient à l'entrée du parc. Assises sur le seul banc à l'ombre, une armada de poussettes barricadaient leur emplacement privilégié. Au centre, la cage à poules dominait les autres jeux éparpillés ici et là. La baleine, le tourniquet avec une de ses planches cassée, tournait sans fin et sans personne. Tous ces jeux sans intérêt sentaient la tristesse urbaine. La voie d'une mère brisait la cacophonie ambiante en appelant son fils du 4ème étage, c'était l'heure du goûter. Pain et Chocolat à croquer. C'était le meilleur moment de la journée, le calme s'installait pour quelques instants. Chat Glacé ! Une voix stridente venait fendre ce moment de tranquillité et relançait le rythme infernal des

La place, par Sophie M., écrivante

La place  La place que tu occupes, la place que tu me donnes, que je ne prends pas, celle que je laisse quand je me lève parce que tu es fatiguée, très vieille, très jeune, enceinte ou simplement parce qu’aujourd’hui Tu y as droit. La place que je perds Qui va à la chasse perd sa place, que je trouve ou non. La place à côté du radiateur, au fond avec les cancres ou devant parce qu’Elle m’a à l’œil. Fini les bavardages. La place, entre la mère et l’oncle. Cesse de donner des coups de pieds sous la table. Tiens toi droit, Tes coudes, Ta serviette. Écoute-moi quand je te parle. Oui je sais, tu me l’as déjà dit… S’entendre : Il n’y a plus de place pour vous. Trop âgé, trop diplômé, bon à la casse. Direction Polemploi. Tu rejoins la place des miséreux, des qui ne se perdront plus dans les files d’attentes des théâtres, des cinémas, des spectacles trop chers, où, de toutes façons, il n’y a plus de place. La place du clochard, dans l’encoignure de la porte, non loin du distributeur. Tu ne con

Consigne de L'insulte

Il faisait beau ce jour là sur Paris.  Nous avons profité de l'été indien au Jardin du Luxembourg, non loin de la présence protectrice des femmes de pierre qui veillent sur le parc. Les chaises vert bouteille nous attendaient sous les arbres qui commençaient à perdre leurs feuilles. C’était paisible. Proposer aux écrivants des consignes autour de l’insulte dans cet univers si doux aurait pu paraître insultant ! Mais n’est-ce pas dans un cadre protecteur qu’il vaut mieux lâcher ses peurs et ses rancœurs ? Le décalage est parfois salutaire.  La première consigne portait sur ces petits riens (pas rien !) qui "crochettent" notre bonne humeur. Écrire à l’autre, à soi-même ou à la statue d’en face tout ce qu’on a sur le cœur. Écrire sur tous les tons et partir sur les traces de Queneau. Se laisser aller à converser avec soi-même, sans prêter attention à l’autre en face. Qu’importe, s’il n’existe que dans l’imaginaire. Écrire sans ce censurer. Oser cracher, se libérer et travail