La place
La place que tu occupes, la place que tu me donnes, que je ne prends pas, celle que je laisse quand je me lève parce que tu es fatiguée, très vieille, très jeune, enceinte ou simplement parce qu’aujourd’hui Tu y as droit. La place que je perds Qui va à la chasse perd sa place, que je trouve ou non. La place à côté du radiateur, au fond avec les cancres ou devant parce qu’Elle m’a à l’œil. Fini les bavardages.
La place, entre la mère et l’oncle. Cesse de donner des coups de pieds sous la table. Tiens toi droit, Tes coudes, Ta serviette. Écoute-moi quand je te parle. Oui je sais, tu me l’as déjà dit…
S’entendre : Il n’y a plus de place pour vous. Trop âgé, trop diplômé, bon à la casse. Direction Polemploi. Tu rejoins la place des miséreux, des qui ne se perdront plus dans les files d’attentes des théâtres, des cinémas, des spectacles trop chers, où, de toutes façons, il n’y a plus de place. La place du clochard, dans l’encoignure de la porte, non loin du distributeur. Tu ne consommes plus. Tant pis pour toi. Le monde rétrécit. Tu es arrivé au pays du nulle part. Tu n’existes plus. Numéro sur une carte, à chercher ta place.
Sophie M., atelier Skype Paris-Boulouparis, février 2019
D'après une consigne sur La place.
D'après une consigne sur La place.
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