Le Havre
Stefanie B., Paris, décembre 2011
Parfois une consigne est le germe d'une nouvelle, c'est ce qu'est devenu par la suite ce petit texte écrit en atelier
Nuit épaisse. Le brouillard m’enveloppe. Un froid glacial et acerbe de décembre me brûle le visage, j’enfonce mon bonnet au maximum. La nuit sera longue. Je rejoins l’équipe de nuit des dockers. Une odeur de métal rouillé et d’iode m’agresse. J’entends résonner en échos la musique grinçante de conteneurs qui s’entrechoquent. Des poulies en marche gueulent des sons stridents dans l’obscurité. Je longe les allées principales des docks. L’éclairage urbain projette sur le bitume des ombres menaçantes. Des centaines de conteneurs savamment empilés s’érigent comme des buldings.
Etrange cité !
Dans cette mégapole de blocs colorés, j’avance à vive allure. Le vent se lève et balaye les déchets qui tourbillonent sur le quai, des bourrasques fouettent mon visage. Je ne vois plus. J’avance tant bien que mal à contre vent. Soudain, je m’arrête. Je viens de percuter un objet. C’est un livre détrempé. Je l’égoutte rageusement et le glisse dans ma parka. Une sensation désagréable m’envahit. Le contact de ce corps étranger et mouillé traverse ma chemise. Mon corps est glacé. Maudite pluie !
Trouver un abri. Les morceaux de dentelles noires qui marquent certaines pages attisent ma curiosité. J’imagine. Trouver un abri, cette idée m’obsède. Bientôt la zone portuaire, et plus aucune chance d’y trouver un endroit sec et éclairé. Rouge ? Sa couleur ; rouge ? Je n’en suis plus très sûr, quelle importance ! J’accélère le pas. Le vent exerce sur moi une pression de plus en plus forte qui m’oblige à redoubler d’énergie. Un chalut vient d’accoster, j’aperçois un groupe d’hommes qui s’affairent à quai. Le hangar sur ma droite. Un interstice de lumière en jaillit. Cette légère ouverture me laisse penser que je pourrais forcer le rideau pour m’y introduire. Mon cœur cogne, ma poitrine me fait mal, une émotion violente me submerge.
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