Insouciance
Six heures, le réveil sonne. Il saute de son lit, enfile ses pantoufles, allume la cafetière. Revigoré par la douche froide, il avale d'un trait la tasse de café, debout dans la cuisine. Il ajuste sa cravate, boutonne son costume et attrape sa serviette en cuir.
À cette heure, rare sont les passants. L'air est doux en cette matinée de printemps. Les moineaux gazouillent, les bourgeons commencent à éclore. Il se remplit de cette atmosphère légère avant d'affronter la journée de travail qu'il sait rude. Négociation d'un important contrat avec une compagnie aérienne chinoise, marchepied doré pour le poste de directeur adjoint qu'il convoite depuis si longtemps. Enfin, ses efforts seront récompensés. Ainsi a-t’il construit sa vie. Ambition rigoureuse, travail acharné depuis son plus jeune âge, manœuvres commerciales pas toujours licites. Sa seconde peau, c'est le droit, les textes juridiques. Il attaque, assassine ses adversaires avec son arme, la jurisprudence. « Je suis le meilleur avocat de la société » se dit-il quand il voit le bus arriver.
Au moment où il fait signe au chauffeur, une main empoigne son bras. Il se retourne. Son visage se fige. Le passé resurgit. Vingt ans en arrière. Il revoit les champs, le village. La vente de la maison pour payer les dettes. La mise en bière des parents terrassés par la honte.
Les yeux se fixent. Intense. D'un côté des lances flammes, de l'autre la tristesse. Soudain, il éructe : « Lâche moi, comment oses-tu ! J’ai raté le bus alors que j'ai un rendez-vous d'affaire crucial. Tu ne penses qu’à toi, rien qu'à toi. Comme toujours ! Ton insouciance a détruit notre famille. Hé maintenant, tu vas ruiner ma carrière. Va-t-en ! ».
L'homme s'écroule dans ses bras, s'affaisse lentement, tombe sur le trottoir.
Véronique D., Atelier Skype Paris-Boulouparis, février 2018
D'après une consigne sur l'insouciance
Six heures, le réveil sonne. Il saute de son lit, enfile ses pantoufles, allume la cafetière. Revigoré par la douche froide, il avale d'un trait la tasse de café, debout dans la cuisine. Il ajuste sa cravate, boutonne son costume et attrape sa serviette en cuir.
À cette heure, rare sont les passants. L'air est doux en cette matinée de printemps. Les moineaux gazouillent, les bourgeons commencent à éclore. Il se remplit de cette atmosphère légère avant d'affronter la journée de travail qu'il sait rude. Négociation d'un important contrat avec une compagnie aérienne chinoise, marchepied doré pour le poste de directeur adjoint qu'il convoite depuis si longtemps. Enfin, ses efforts seront récompensés. Ainsi a-t’il construit sa vie. Ambition rigoureuse, travail acharné depuis son plus jeune âge, manœuvres commerciales pas toujours licites. Sa seconde peau, c'est le droit, les textes juridiques. Il attaque, assassine ses adversaires avec son arme, la jurisprudence. « Je suis le meilleur avocat de la société » se dit-il quand il voit le bus arriver.
Au moment où il fait signe au chauffeur, une main empoigne son bras. Il se retourne. Son visage se fige. Le passé resurgit. Vingt ans en arrière. Il revoit les champs, le village. La vente de la maison pour payer les dettes. La mise en bière des parents terrassés par la honte.
Les yeux se fixent. Intense. D'un côté des lances flammes, de l'autre la tristesse. Soudain, il éructe : « Lâche moi, comment oses-tu ! J’ai raté le bus alors que j'ai un rendez-vous d'affaire crucial. Tu ne penses qu’à toi, rien qu'à toi. Comme toujours ! Ton insouciance a détruit notre famille. Hé maintenant, tu vas ruiner ma carrière. Va-t-en ! ».
L'homme s'écroule dans ses bras, s'affaisse lentement, tombe sur le trottoir.
Véronique D., Atelier Skype Paris-Boulouparis, février 2018
D'après une consigne sur l'insouciance
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