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Articles

Affichage des articles du juillet, 2024
Cultiver ses illusions ,  40 min. S. Méla, juillet 2024 Choisissez un terreau de bonne volonté.  À elle seule, cette étape pourrait déjà constituer un défi pour qui habite dans un milieu aride. Si c’est votre cas, nous vous recommandons de vous tourner vers notre recette de terreau tout terrain. Déterminez l’emplacement idéal pour votre culture. L’orientation du terrain est primordiale, les illusions se plaisent à mi-ombre. Mises en plein soleil, elles se dessécheront en moins de temps qu’il ne faut à un homme politique pour retourner sa veste ; placées dans l’ombre, elles resteront chétives et souffreteuses. Plantez vos graines d’illusion à la volée, elles ne s’accommodent pas de sillons rigides. Les illusions sont un peu folles, sauvages ; elles aiment se perdre dans les recoins. Arrosez régulièrement mais sans excès, ou vous risqueriez de les voir moisir. Fertilisez dès que possible avec un mélange composé d'un tiers de naïveté, d’un tiers de rêveries et un tiers de c...
Les encyclopédies,  40 min. MH Bailly, février 2024 Je me souviens très bien des deux rangées d’encyclopédies Cours Léopold. Dans le salon, la ligne immaculée des   Universalis   impressionnait l’apprentie libraire à laquelle je jouais dans mes moments de solitude. Parfois, rien d’autre à faire que de les ouvrir et, immanquablement, de soupirer à la lecture de ces pages sans une image pour aérer son ciboulot. Dès lors, je n’ai jamais vendu ces encyclopédies à mes clients imaginaires, préférant conseiller de vieux livres de poche aux pages épaisses et jaunies. Leurs couvertures colorées magnifiaient ces ventes oniriques.   Le Feu   de Barbusse avec son bidasse fatigué en couverture,   Les Frères Karamazov   dont je pouvais fièrement citer le nom sans buter,   La Peste   enfin et son paysage inquiétant, entre chien et loup.   Ça, c’était la bibliothèque du salon. Chez mon frère, le garçon, l’Aîné, l’héritier, inscrit depuis la maternelle à...
  Récit à partir d’une photo (45 à 60’) S. Méla, juin 2024 La veuve du cordonnier était un drôle de personnage.  C’est bien simple, elle semblait habiter le bourg depuis toujours, et à la mort de son mari elle n’avait pas changé une seule de ses habitudes.  Tous les matins à 7h30, elle ouvrait la porte de la boulangerie et demandait d’une voix fluette, mais ferme, son quart de miche de pain de campagne et un cannelé. Puis, elle filait à petits pas comptés jusque chez Mme Galignac, la coiffeuse, pour sa mise en pli quotidienne. Chaque jour de la semaine, sauf le lundi où elle lui demandait un shampooing et le premier jour du mois où elle avait sa coupe, elle quittait le salon à 8h15, ses cheveux soigneusement lissés et maintenus par un voile de laque fixation forte.  Elle entrait alors dans l’église Saint-Joseph où, après une génuflexion rapide et un signe de croix inspiré, elle s’enfermait dans le confessionnal et discutait trente minutes pile avec Monsieur le Curé....